Sabine à la bibliothèque de Chaussan a lu, aimé et vous recommande " Buveurs de vent" de Franck Bouysse.
Ce roman a l’allure d’un Western moderne. L’air du film « Le bon, la brute et le truand (méchant en italien) » de Sergio Leone trotte dans ma tête.
Le méchant c’est Joyce, un homme à sang froid, très riche est assoiffé de pouvoir. Il a acheté toute la vallée du Gour Noir, coupée du monde. Tout lui appartient : les carrières, la centrale, le barrage. Il est constamment entouré de gardes de corps avec leurs chiens féroces. Ses sbires, entre autre un flic véreux, épient et contrôlent tout le monde pour son compte. Les habitants, sans espoir d’une vie meilleure, puisque c’est le seul employeur du coin, travaillent pour lui depuis des générations en ployant l’échine.
La brute c’est Martin, père de quatre enfants, taiseux et brutal. Depuis la mort de son ami à la guerre, il ne trouve pas de sens à sa vie. Les enfants, otages entre la bigoterie de la mère et la violence du père, cherchent refuge ailleurs. Marc dans la littérature, Matthieu dans la nature, Luc, un peu attardé, dans les histoires de pirates. Seul Mabel, une beauté sauvage, a le courage de fuir cet environnement toxique pour construire une autre vie, encouragée par son grand-père. Ce qui les maintient dans la vie c’est leur lien indéfectible. Leur rendez-vous secrets au bord de la rivière leur permet de trouver un peu de liberté, de légèreté.
Le bon c’est le marin Gobbo, solide comme un roc, qui a parcouru des mers lointaines et rencontré des gens de tout bord. Il se prend d’amitié pour Martin et essaye de percer sa carapace pour l’amener à plus d’humanité.
Quand un jour on trouve le cadavre d’un de ces cruels sbires, il y a une brise de soulagement qui parcourt la population. Les paroles se libèrent peu à peu. Au bout d’une longue hésitation, les hommes se décident de faire la grève pour avoir des conditions de travail plus humaines.
Quand ils se présentent devant Joyce, menés par Gobbo, choisi par tous comme porte-parole, celui-ci est sidéré. Des esclaves qui se révoltent c’est inadmissible pour lui. Son pouvoir vole en éclats et avec lui la structure complexe de sa propre prison intérieure. Pour sortir de cette situation il ne voit qu’une seule solution : la destruction.
Bonne lecture et régalez-vous de l’écriture magnifique ! - Sabine